Par où commencer ? Je m'appelle Fabien Monteils...
Naturellement, on peut commencer par le premier souffle, les premiers pas... c'était en 1978 dans un village de Provence. J'ai grandi à la campagne. J'avais créé le club "SOS Nature" au primaire, et avec les amis de classe on partait vadrouiller dans la garrigue, les pinèdes et autres collines... Je jouais aux échecs, au foot, au tennis... un peu de piano et de violoncelle... Bref, une enfance paisible dans un environnement simple... et inversement.
Après, faut dire que j'ai mis un peu le turbo... A 15 ans, j’ai suivi mes parents à l’île de la Réunion. C'était un retour aux sources pour ma mère créole, et un émerveillement pour moi. Randonnées, montagne et nature luxuriante, lagon et plongées, éruptions volcaniques, cyclones... découverte de l'île intense dans sa diversité jaillissante et démiurge.
Et deux années de classes préparatoires qui m'ont remis dans le "droit chemin" : boulot, boulot, boulot ! A partir de 19 ans, c'est l'EDHEC et les grands voyages, six mois à Pékin, une année à Hong Kong et une autre à Montréal, l'Australie... Deux Masters de gestion plus tard, me voilà frais et pimpant consultant en organisation pour le cabinet Eurogroup à Paris. J'y resterai cinq ans à travailler pour des grandes compagnies... Enfin raisonnable !
Ou presque... Car à cet âge, c'est bien normal, on rêve de changer le monde. Pour moi, ça passe par l'environnement et les relations internationales. Alors j'explore mes passions... En créant Acroporis en 2004 tout d'abord, et en commençant un doctorat au Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques de Paris deux ans plus tard... En 2007, Eurogroup m'expatrie à Madagascar où je commence à travailler dans les politiques publiques, la finance et le développement. En parallèle, pour préparer ma thèse, j'appuie le Ministère de l'environnement malgache dans les négociations climat et l'émergence du mécanisme REDD+.
Enfin en 2009, les passions se conjuguent et ma profession de foi devient... profession. J'intègre les Nations Unies à travers le PNUD comme coordonnateur du programme ONU-REDD à Kinshasa. Développement, forêt et environnement, relations internationales, politiques publiques, programmes d'investissement, inclusion sociale, dialogue interculturel, peuples autochtones... tout y est ! Et depuis 2014, je prodigue mes modestes conseils à l'échelle régionale depuis Nairobi, auprès de nombreux gouvernements africains.
On se demande souvent où on va. Un regard rapide sur mes origines ne m'aide pas vraiment à dégager une tendance... Un grand n'importe quoi, un beau n'importe quoi, une combinaison d'extrêmes, une synthèse... Du côté maternel, la Réunion et un grand métissage, une touche indienne, malaysienne, malgache par ci par là, un côté "bonne famille" issue des premiers colons français, mélangé à une lignée d'esclaves affranchis en 1848. Du côté paternel, c'est aussi l'union des extrêmes, un grand père apprenant à lire seul en gardant les chèvres sur le Larzac, résistant et gaulliste à vie, et une grand mère issue de la bourgeoisie terrienne de la fertile et royaliste Provence... Alors voilà, j'en fais quoi de tout ça ?
Mes passions me ramènent systématiquement à la question de la durabilité de notre société actuelle. Ma perspective du développement en Afrique m'alerte chaque jour, en retour, sur la fragilité, la précarité mais aussi l'incroyable chance de notre société française et européenne bâtie sur des siècles de laborieuse et aléatoire ingénierie. Je suis convaincu par le caractère systémique des multiples crises actuelles (climat, biodiversité, ressources, économies occidentales, finance, institutions, politique, extrémisme, piraterie, diplomatie…) qui prennent leurs racines communes dans le rapport de l’homme à son environnement et à lui-même. Je crois en une « crise de sens » de la culture occidentale actuelle, et je crois en l’éruption actuelle, progressive et rapide de bouleversements majeurs qui menacent à court terme la paix relative et la stabilité de nos systèmes politiques et démocratiques occidentaux, et à moyen terme notre civilisation au sens large.
Pour moi, créer ce site, c'est un peu franchir une nouvelle étape, presque naturelle. C'est ouvrir une petite fenêtre pour porter mon regard de technicien et de rêveur sur un paysage en perte de repères politiques. Après avoir travaillé comme gestionnaire ou conseiller auprès d’entreprises, d’ONG, de gouvernements ou d’institutions internationales, j’ai la conviction que la politique doit redevenir "l’art de rendre possible ce qui est nécessaire", en l’occurrence un changement radical de modèle de société.
Je considère que les politiques actuelles dans tous les pays occidentaux, qui consistent à tenter des réglages marginaux en prétendant que tout ira mieux demain, sont illusoires et vouées à l’échec. Notre futur proche se dessine autour de deux grandes orientations. La première, et peut-être la plus probable, consiste à poursuivre dans l’aveuglement, à se retrouver impréparé face à des cataclysmes majeurs, et à plonger alors dans la réaction, la peur, l’autoritarisme, le repli sur soi, le sectarisme, les conflits, dans un monde chaotique et en flamme. En France, la montée en puissance du front national, la banalisation de son discours xénophobe, les crispations autour de questions identitaires et communautaristes en sont autant de signaux. La seconde voie consiste à anticiper les catastrophes annoncées et à accompagner la transformation de la société actuelle à travers des politiques volontaristes, réellement « de rupture », portées par des populations conscientes et volontaires… Je souhaite contribuer à l’évolution des mentalités et à l’avènement de cette « révolution nécessaire ».
Car le pire n'est jamais certain. A travers mes diverses activités professionnelles et associatives, je crois contribuer, même très modestement, à cette évolution. Surtout, je pense que nous sommes confrontés aujourd’hui à un manque de vision. On visualise les problèmes, on propose et expérimente des solutions, mais les peuples sont incapables collectivement de se représenter et de s’inscrire dans une vision profondément bouleversée mais positive de l’avenir, ce qui empêche le passage d’une expérimentation sporadique et individuelle à un véritable mouvement de fond. J’ai acquis la conviction qu’une priorité devait être de contribuer à l’émergence d’une telle vision fédératrice, révolutionnaire et "heureuse" de l’avenir de notre société. A travers ce site, je voudrais mieux échanger, livrer des pensées spontanées, parfois décousues, partager des expériences professionnelles, des émotions personnelles, les mûrir, et dévoiler ainsi peu à peu une vision construite, cohérente, où chaque idée et chacun d'entre nous s'assemble et prend sa place.
Et où s'arrêter ? Je papote, je papote... mais voilà, chut ! Je vous laisse explorer...