Elections présidentielles de 2017: ni fatalisme, ni indifférence. Une proposition pour porter l'Humanisme au pouvoir!
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"Entre 2017 et 2022, la France est condamnée à être gouvernée par l'égo impérialiste de Sarko II revenu éventuellement d'exil, par la xénophobie bleue marine institutionnalisée, ou par le capitalisme financier déshumanisé auquel sont soumis les partis traditionnels? Non, il existe une autre voie! Contre le fatalisme, le défaitisme, le désespoir ou l'indifférence, contre l'acceptation du combat des égos et des peurs entre Sarkozy et le Pen, pour un renouvellement de l'offre politique au-delà des partis historiques et dominants asservis par le système, pour une inspiration collective qui reflète les aspirations humanistes les plus hautes du peuple français. Faire émerger un réseau, une plate-forme citoyenne, une alliance pour porter des valeurs humanistes au pouvoir, sur la base d'un projet crédible et via un leader tiré au sort. Mode d'emploi."
A en croire l'histoire politique récente de la France - disons depuis 1945 - et un bref tour d'horizon de l'offre politique actuelle, vous serez probablement nombreux, comme moi, à être particulièrement préoccupés par les perspectives qu'offrent l'élection présidentielle française en 2017.
D'abord parce qu'on ne peut pas en minimiser la portée: les orientations politiques insufflées pendant cinq ans par le chef de l'Etat et le gouvernement français impactent, en bien ou en mal, le sort de millions de personnes.
Ensuite parce que les pronostics sont certainement loin de rassurer et encore moins d'inspirer la majorité des français. On nous promet:
1- Un effondrement du Parti Socialiste, depuis longtemps tétanisé par l'ombre de sa propre structure, pied et poing liés face à notre crise de système par son allégeance au diktat des marchés et à l'élite libérale et financière. Sauf grand revirement de la politique du gouvernement actuel, à ce jour parfaitement improbable, le bilan de François Hollande se résumera à l'incapacité de véritablement changer la trajectoire de notre histoire dans sa course vers le précipice. L'aveu d'impuissance du PS le condamne à une cuisante défaite en 2017... et une victoire ne porterait, de toute façon, aucun réel espoir de changement.
2- Un affrontement entre Sarkozy et Le Pen pour le titre suprême, où, dans tous les cas, l'humanisme et l'espoir auront déserté les rings à des kilomètres à la ronde. Pensez-donc, d'un côté le retour de Sarkozy - ou d'un de ses barons téléguidé s'il devait être désarçonné lui-même par les "affaires" - et la promesse de foncer encore plus résolument dans le mur avec une politique clientéliste, sans gouvernail, guidée par les sondages, les humeurs de la cour et les caprices de ses maîtres toujours plus avides. Je ne crois pas que la grande dilution des Républicains puisse amener au pouvoir un homme ou une femme de valeur, de vision et d'idéal, mais seulement un produit du système et vendu au système à des seules fins électoralistes. De l'autre côté, Marine le Pen, le ravalement de façade par les pros du
marketing et de la communication en plus, mais le même esprit putride nourrit des pulsions, de la souffrance et des peurs de nos concitoyens les plus fragiles, les plus désorientés. Sous le gant de velours, les mêmes griffes que celles qui durent lâcher le pouvoir et s'exiler de Vichy en 1945. Derrière elle, une armée de barons aux vues les plus courtes, les plus étroites, animés par le pouvoir et la haine des autres. Dissipez les voiles de fumée, et voyez la bête immonde tapie dans l'ombre, prête à bondir.
3- Un effacement complet des aspirations progressistes et humanistes, complètement absorbées par les égos et diluées dans les systèmes de pouvoir. A droite, les Républicains tentent de dérouiller la machine à gagner les élections appelée autrefois UMP, désormais grippée. L'esprit est le même: rassembler sous une même bannière un ensemble hétéroclite d'individus réunis par la seule soif du pouvoir et des strapontins. Le rassemblement est large, où des fédéralistes européens côtoient les nationalistes les plus durs; où les loups de la finance et de la dérégulation maximale mangent à la même table que les progressistes qui souhaitent redonner un sens au service public et du pouvoir à l'Etat; où les défenseurs de la libre entreprise, de l'innovation et des entrepreneurs se livrent d'eux-mêmes aux chaînes des grandes entreprises obnubilées par le lobbying, le profit et l'évasion fiscale. A gauche, c'est l'inverse, la guerre des fiefs, avec des chefs de tribus qui emmènent leurs ouailles à la bataille en rangs dispersés avec des visions fragmentées, focalisées sur des bouts de problème, et souvent entachées d'absolutisme, l'écologie contre le progrès humain, l'égalité par le bas contre la libération et l'épanouissement du génie humain, la solidarité internationale contre le temps forcément long des évolutions des consciences et des identités. Beaucoup de belles idées noyées dans les incohérences, et servies par des égos démesurés incapables de se parler, au delà de quelques poignées de main photogéniques quand elles peuvent glaner des voix.
4- Les dynamiques s'organisent, des options sont avancées, et elles sont louables. Certaines initiatives individuelles de gauche à droite semblent prendre leurs distances et remettre en cause le système actuel, mais souffrent d’un problème fondamental consistant à s’insérer dans des structures politiciennes et qui renversent inéluctablement les rôles, les fins et les moyens, et tendent à imposer un « champion » plutôt que sa vision, et ainsi à agir par différentiation et donc clivage plutôt qu’à encourager les convergences.
5- Au titre des initiatives de convergence, à droite, les primaires pourraient permettre à une personnalité plus pragmatique que Sarkozy, Copé et consort de prendre les rênes des Républicains, à l'image d'Alain Juppé. La personnalité est déjà plus crédible, plus cohérente, moins esclave des pulsions et errements dictés par la navigation à vue à la lueur des sondages quotidiens. Mais qu'en attendre sur le fond, en termes de politique, à part de poursuivre avec un panache de façade bien craquelé la longue glissade vers les abymes, vers l'implosion de notre propre système sous ses incohérences et ses compromis arrosés aux pesticides. Qu'en attendre, si ce n'est de prolonger l'état de quasi-mort clinique du système-patient par l'injection sous intraveineuse de doses toujours plus fortes de libéralisme, de matérialiste, de croissance aux stéroïdes et de soumission au pouvoir financier. D'ailleurs une telle ascension se ferait certainement, elle-même, sur fond de compromis et d'arrangements qui installeraient à la cour du roi une horde de néolibéraux, d'ultraconservateurs et de xénophobes inavoués en attente de coming-out.
6- A gauche, la convergence s'organise aussi. Je salue l'appel à une primaire à gauche car elle est le signe d'une part d'un regard réaliste et donc douloureux sur l'état de la gauche, et d'autre part d'une volonté de rassemblement qui est un fondement essentiel de toute initiative de rénovation de notre France, de révolution ou de sobriété heureuse, quelque soit sa forme progressiste. A titre personnel, je reste sceptique sur sa portée stratégique, car elle est modelée sur un périmètre arbitraire, institutionnalisé et parfaitement désuet, "la gauche". Il me semble y avoir beaucoup plus de potentiel de convergence au sein de la famille humaniste entre les électeurs "de droite" et "de gauche", y compris les français écologistes, conscients des limites du système, fatigués par le matérialisme, le consumérisme, la capitulation de l'Etat et la trahison de ses citoyens, mais fondamentalement attachés et priorisant la liberté d'entreprendre, la solidarité par la création d'opportunités, l'égalité des chances, l'aspiration de chaque individu à un idéal d'émancipation et d'autoréalisation... ces valeurs dîtes "de droite" qui sont tout autant broyées et bafouées par les politiques publiques de feux l'UMP, du RPR avant lui, autant que par celles du Parti Socialiste, et que les propositions du Front National enterrent définitivement.
Une proposition pour porter l'humanisme au pouvoir dès 2017
La proposition que je formule, déjà ébauchée dans des articles précédents comme ici ou là, en appelle à un mouvement citoyen et humaniste qui doit en être la base fondatrice et le sceau d'authenticité. En voilà les grandes lignes et étapes:
1. Mettre sur la table un ensemble de principes et de valeurs formant le socle d'une Alliance Humaniste à vocation politique. Formuler un appel à ce rassemblement avec en ligne de mire l'organisation d'une grande primaire au delà des partis politiques pour désigner le candidat de l'humanisme aux élections présidentielles de 2017. Il existe en la matière de nombreux travaux déjà fort aboutis qu'il s'agit simplement d'harmoniser.
2. Mobiliser la société civile et l'ensemble des relais volontaires du pays pour diffuser l'information et susciter l'adhésion. Simultanément, organiser une levée de fonds publique pour construire une plate-forme Internet indépendante et héberger ainsi la vie "virtuelle" de l'Alliance Humaniste: espace des membres, forums, instruments de vote interne pour les différentes échéances de l'Alliance...
3. Organiser la formulation par les membres de l'Alliance, c'est-à-dire par les citoyens eux-mêmes, d'un programme politique cadre. Le groupe sera constitué d'un nombre restreint de membres, par exemple entre 20 et 30, représentant des grands mouvements crédibles (FNH, colibris, FNE...) et des ensembles certes un peu arbitraires mais représentatifs (petits entrepreneurs, agriculteurs, femmes, minorités, habitants de zones défavorisées...). Ils seraient sélectionnés en deux phases, avec un premier vote des membres pour les présélections, suivi d'un tirage au sort parmi les présélectionnés. Le processus de formulation du programme cadre sera transparent et comprendra plusieurs étapes de consultations à l'extérieur du groupe de rédaction. Le groupe formulerait le programme sur la base du consensus.
4. Faire vivre le dialogue à l'intérieur et à l'extérieur de l'Alliance Humaniste sur les propositions du programme cadre.
5. Mobiliser les candidats aux primaires humanistes. Permettre à chacun de présenter ses idées et ses motivations, en quoi elles s'inscrivent dans le programme cadre mais aussi éventuellement en quoi elles s'en distinguent... Organiser le dialogue entre les candidats en garantissant un niveau de visibilité acceptable pour les volontaires relativement anonymes.
6. Organiser les primaires et désigner le candidat qui sera soutenu par l'Alliance Humaniste aux élections présidentielles de 2017. Là encore, l'Alliance garantira une visibilité acceptable à tous les candidats, et organisera une élection en deux étapes: la présélection d'un nombre restreint de candidats par le vote des membres, puis le tirage au sort pour désigner le candidat aux élections présidentielles.
Cette démarche est certes ambitieuse, certains diront "utopique", mais elle peut réussir à transformer les désillusions et les peurs, à faire converger les aspirations, à réinsuffler l'espérance, et à les canaliser dans le sens d'un programme humaniste ainsi affranchi des chaînes de structures et de schémas politiques sclérosés. Si la force du nombre nourrit la justesse des analyses et la puissance des valeurs et des idées, alors le candidat issu de ce processus authentiquement citoyen et collectif sera en mesure de changer le cours de l'Histoire. Certes le système va se déchaîner contre une telle contestation silencieuse, cette insurrection pacifique, ce renversement des compromis rouillés des puissants, cet appel d'air idéologique, cette vague de fond humaniste où les femmes et les hommes se font résolument serviteurs des idées qui inspirent et guident le peuple, et non l'inverse. Les citoyens français sont ils prêts à reprendre leur avenir en main? En voilà les rênes!
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